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Semaine 10 et 11 de chantier : Dernière coulée sur le bâtiment !

RWANDA – NOVEMBRE 2018 | Un autre blogue, deux autres semaines de terminées, nous nous approchons à toute vitesse de la fin !

Retournons deux semaines plus tôt, le premier weekend de ce cycle de blogue. La vice-maire de Ngororero, qui est aussi la responsable du développement économique, nous a fait visiter la montagne sur laquelle il y a eu la rencontre entre le premier visiteur blanc et un roi rwandais. Comme mentionné dans un autre de nos blogues, il s’agit d’un événement historique dont la population du district est fière. Ce fût tout une activité! Premièrement, le chemin pour s’y rendre comportait deux ponts de bois, dont un particulièrement long. Le pont était constitué de trois arbres coupés et couchés au-dessus d’une rivière. La vice-maire, en parfait contrôle de la situation, se lance sur le pont en entraînant Camille qui venait tout juste de dire : « Moi je ne crois pas passer sur ce pont, je vous attends ici, vous me ramasserez au retour ! ». Eh bien, Camille a traversé le pont sans trop avoir le choix ! Toute l’équipe a suivi, en marchant lentement et prenant leur temps. Ensuite, une bande d’enfants y est passé en courant littéralement sans même craindre de tomber malgré les bois chambranlants.

En chemin, nous avons eu la visite d’un historien qui nous a raconté en détail la rencontre entre le Roi et le premier visiteur blanc qui était allemand. La plupart d’entre vous savez surement que le Rwanda a été colonisé par les belges, toutefois ce que peu savent, c’est que les premiers colonisateurs étaient les allemands. Nous avons aussi pu visiter une plantation de café et voir le processus qui menait au grain de notre boisson matinale favorite. En fin d’après-midi, nous sommes arrivés au sommet de la montagne et avons été surpris de voir l’aménagement du site historique. En réalité, le site n’est pas encore ouvert, toutefois nous avons eu un petit passe-droit. Il y a une maison typique de roi, il s’agit de maison ronde en bois. À notre grand regret, elle n’était pas terminée ! Il y a aussi un hôtel, sur le sommet, avec un restaurant, un bar et une salle polyvalente. La vice-maire nous y a donc invités à souper !

Un délicieux souper, qui comprenait plusieurs services, dont une soupe. Dans cette soupe, nous avons goûté aux intestins, trippes et foie de chèvre. Philip et Félix ont même pu manger des testicules. Notre premier repas qui nous a réellement sorti de notre zone de confort. Se faisant tard, les responsables de l’hôtel nous offert une nuit sur le site et la vice-maire est revenue nous chercher le lendemain matin, pour nous ramener à la maison.

Nous sommes très reconnaissants de la belle fin de semaine que nous a fait vivre Isaac et la vice-maire, bien évidemment, notre partenaire local était présent !

Une fois la fin de semaine terminée, nous sommes retournés au chantier. Les coulées de toutes les poutres du chaînage pour le toit du B sont officiellement terminées ! Ce qui signifie que la pose du toit du bloc A approche à grand pas. En attendant, notre chef en électricité, Kevin, accompagné de ses deux assistants, Chico et Frede, ont commencé l’installation du filage sur les murs du B ayant reçu la première couche de crépis.

Parallèlement, les travaux sur le bloc C ont repris de plus belle. La brique est montée jusqu’aux linteaux que nous avons coulé au courant de la semaine dix. Il reste donc très peu de briques à mettre sur les bâtiments ! Ce qu’il nous reste de briques sera utilisé pour la construction des latrines et d’un incinérateur. Nous avons pris la décision de faire quelques ajouts, ou plutôt rétablir les coupures que nous avions fait initialement, sur notre poste de santé. Concrètement, nous avions retiré le mur de soutènement que nous allons ramener. Il se trouvera du côté Est du bâtiment pour retenir le sol derrière le bâtiment. Ça nous permettra aussi un meilleur aménagement paysager qui pourra servir à l’agrandissement du poste dans 2-3 ans selon le district. Ayant aménagé le terrain, nous espérons aussi pouvoir éviter l’expropriation des deux maisons à proximité.

Il y aura aussi la mise en place d’un incinérateur, qui sera utilisé pour la gestion des déchets uniquement, aucun corps n’y sera incinéré. Finalement, il y aura une fosse à déchet toxiques et pour les placentas. Donc tous les déchets ne pouvant être brûlé, ainsi que le verre se retrouveront dans ce trou.

Parlant de fosse, nous avons déjà mentionné la bonne cohésion entre les employés du chantier. Encore une fois nous en avons eu la preuve, Jean-Domassin, un aide-maçon, s’est rendu aux latrines temporaires et nous ne savons pas comment, y a échappé son téléphone cellulaire. Oui oui, son téléphone s’est retrouvé dans le fond du trou rempli d’excrément et d’urine. Jean-Baptiste, un maçon, y est donc descendu pour aller chercher le téléphone de son collègue. Tous les employés ont regardé la scène, en riant de bon cœur, et en tentant d’aider Jean-Baptiste dans le sauvetage du cellulaire ! Tout est bien qui finit bien, personne n’est tombé dans la fausse et le téléphone, une fois nettoyé, fonctionne comme un neuf.

Sinon, nous devenons de plus en plus bons avec le Kinyarwanda. Kevin a même appris « Umuzazi » qui signifie fou. Une fois, en fin de journée, Camille et Chico se moquaient un peu de Kevin en lui tournant autour et en faisant d’autres petites niaiseries. Il va donc voir quelques employés et dit : « Chico na Camille umuzazi » – Chico et Camille sont fous. Ne sachant pas ce que veut dire le mot, les deux fous, vont demander au vieux Baptiste, qui outré par cette phrase, ne leur traduit pas et leur demande simplement qui a dit ça. Il va ensuite voir Kevin et lui annonce que la punition pour avoir traité des gens d’umuzazi est de devenir le gardien de la boisson : Kevin doit une caisse de Fanta à Camille et une autre à Chico. Félix, sachant tout ça, va voir Baptiste le lendemain et lui dit que Kevin l’a traité d’umuzazi. Kevin doit aussi une caisse de Primus (bière rwandaise) à Félix. Nous attendons toujours les caisses de Fanta et de Primus de Kevin…

Voulant s’intégrer encore plus dans la société rwandaise, nous avons acheté notre propre viande, en fait Félix et Philip ont acheté la viande. Un soir, en fin de journée, c’était la folie au chantier, une vache est morte pendant la gestation, il y avait donc de la viande en rabais. Le vendeur est venu directement sur le chantier à 17h. Les gars, voulant aussi avoir de la viande, ont demandé à Aaron de traduire qu’ils prendraient un demi kilo. Petit hic, les contenants ne sont pas fournis ici. Débrouillard comme mille, Philip, trouvant que sa casquette qui a fait le tour du Népal manquait d’histoire, a mis la viande à même son chapeau. Pour souper, nous avons mangé des bonnes brochettes de bœuf !

Nous avons terminé la semaine dix avec le concassage de moellons pour les planchers dans le A et le B, ainsi que la coulée des linteaux du C, nos derniers linteaux à couler ! La semaine dix a aussi durée six jours de travail pour pouvoir prendre lundi de congé la semaine suivante.

 

Nous avons décidé de se rendre à Kigali durant le week end et voulions avoir le vaccin de la fièvre jaune qui est environ 20 fois moins cher qu’au Canada. Évidemment, nous avons pris nos précautions et nous sommes assurés la salubrité de l’établissement à notre arrivée. De plus, le lieu nous a été recommandé par MMS (organisme québécoise). Le seul petit pépin rencontré a été de trouver l’endroit. Nous avons commencé par le centre biomédical de Kigali qui nous a référé à un centre de santé qui nous a ensuite envoyé au centre national de vaccination et de prévention des épidémies. Après 45 min de recherche et quelques francs investis dans des botas (motos), nous avons trouvé et sommes tous vaccinés !

Félix a tenté de se rendre à Kigali en vélo, notre grand sportif qui a traversé l’Italie sur le dos de sa bicyclette. L’aventure s’est terminée assez vite au Rwanda; il avait rendez-vous à la gare d’autobus de Ngororero à 8h AM, dimanche, avec le propriétaire du vélo qu’il louait. Malheureusement, le propriétaire ne s’est jamais présenté, car il avait oublié son téléphone dans un taxi entre Rubavu et Ngororero. Prise deux ce weekend, espérons qu’il pourra avoir le vélo. Il y a aussi Philip qui tente, tant bien que mal, de se trouver un vélo de route pour accompagner son ami. N’étant pas un sport très fréquent, les recherches ne sont pas très fructueuses jusqu’à présent.

Autre chose importante que nous devions, en fait que Frédérica devait faire à Kigali : arracher une dent ! Pas de panique, notre chère Frede n’a rien dit à personne pour éviter d’inquiéter ses proches, mais avant son départ elle s’est cassé une dent, rien de majeur. Elle a eu une petite réparation qui aurait tenu le temps du projet, mais celle-ci a cédé il y a quelques semaines. Elle n’avait pas vraiment de douleur, elle n’a donc pas précipité les choses. Frede a pris le temps de communiquer avec les assurances et d’avoir une recommandation de clinique. Nous avons aussi cherché via le réseau des professionnels rwandais du Canada un endroit pour s’assurer d’avoir e choix. Finalement tout s’est bien passé, elle a maintenant 25 ans et pas toutes ses dents !

Lundi soir dernier, l’équipe s’est séparée, Kevin et Phil sont restés à Kigali pour faire des achats d’électricité et de plomberie. Ils ont rencontré un ingénieur, Théonèste, qui a été recommandé par notre contremaître. Au Rwanda, les gens adorent prendre des photos avec leur téléphone et les montrer. À un certain moment, il y a eu un temps mort et l’ingénieur en question a commencé à montrer ses photos. Le monde est vraiment petit : Phil lui dit d’arrêter de faire défiler les photos car il y a une umuzungu qui lui disait quelques choses. Regardant bien, il réalise qu’il s’agit de Laurie de l’édition du PRÉCI 2015 ! Nous en avons certainement parlé dans un autre de nos blogues, mais Laurie se trouvait au Rwanda l’été dernier avec ISFQ. Maintenant, Théonèste va croire que tous les canadiens se connaissent.

Ce n’est pas tout, ce même ingénieur, est le cousin d’un de nos maçons qui vit à Muramba : Étienne, qui nous a reçu pour le lunch avant la partie de football d’il y a deux semaines. Encore une fois, le monde est vraiment petit !

Pendant ce temps, au chantier nous avons reçu un appel : le REG viendra mercredi ! Nous avons une journée pour acheter tous les poteaux électriques et les câbles. Nous tentons de tout trouver pour le lendemain, Camille communique avec Philip pour lui demander de trouver certaines fournitures à Kigali, le téléphone se fait aller comme jamais. Finalement Isaac nous a rappelé et le REG nous donnera un nouveau devis avant de se présenter sur le site. Ça n’ira donc pas avant la semaine prochaine. Nous aurons peut-être l’électricité pour la fête de Frede le 19, qui sait ! Le côté positif, nous avons trouvé les poteaux électriques.

Tout est négociable dans ce pays, ayant une facture trop cher venant du REG (Hydro-Québec du Rwanda), la vice-maire a négocié pour nous; nous fournirons nous même les poteaux. Le prix des poteaux a donc passé de 120 00FRW/chaque à 3 500FRW/chaque, ce qui est une économie assez considérable. Camille est donc parti avec Fravien, un aide-maçon qui a des arbres et qui a réussi en a trouvé du même diamètre que les poteaux électriques dans la rue. Faisant le tour des forêts environnantes, ils trouvent neuf arbres, le nombre requis pour la ligne électrique.

Le lendemain, la pluie se manifeste, Aaron envoie donc quatre aide-maçons accompagnés de Cam couper les arbres sans toutefois les ramener à cause du terrain glissant. Ici, pour diriger les arbres, il y a un adolescent qui se fait une liane, qui l’accroche à ses pieds et qui monte comme un petit singe à 12m dans les airs et y attache la corde de bûcheron. Une fois la corde attachée, les aides-maçons essaient de diriger l’arbre pour qu’il n’abime rien sur son passage. C’est une belle théorie, mais dans les faits, généralement, il y avait au minimum un autre arbre endommagé par la coupe d’un de nos poteaux/arbres. À la dernière coupe, malgré trois hommes tirant sur la corde, personne n’a pu diriger l’arbre. Initialement, l’arbre en question se trouvait au-dessus d’une falaise, maintenant il se trouve tout au bas de la falaise. Pris un peu de panique, tous les employés regardent Camille sans rien dire, parce que de toute façon la communication est compliquée. Cam trouvant ça très drôle leur répondit : Nta kibazo (pas de soucis)! De toute façon, l’arbre est au bas de la falaise déjà, qu’est-ce que nous pouvons y faire ? Nous retournerons le chercher plus tard.

Trouvant l’événement particulièrement drôle, Camille va rejoindre Frede et Gafotozi (Marc) pour leur raconter la chute de l’arbre. Leur expliquant la situation en marchant devant le A près d’un tas de planche, elle s’arrête, le visage impassible, lève un pied et y retire un clou en tirant sur une planche. Deux options s’offraient à elle à cet instant précis : paniquer ou garder son calme sachant très bien que de toute façon au chantier c’est elle la référence en premier soin. Elle choisit la deuxième option et continue son histoire tout en marchant vers le hangar ou plutôt en boitant vers le hangar où se trouve la trousse de secours. Clairement, Frede et Chico ne l’écoutait plus et s’inquiétait pour elle qui continuait son histoire en marchant. Finalement rien de grave, ayant une bonne quantité de corne sous les pieds et le vaccin contre le tétanos, ça n’a laissé qu’un petit point noir, quelques gouttes de sang, une bulle de sang et une petite douleur sous le pied de Camille. Encore aujourd’hui Marc pleure de rire quand Camille dit qu’il y a un point noir sous son pied.

Pour rajouter sur cette journée, Camille, qui aime beaucoup les enfants, a appris à porter un bébé dans son dos la semaine dernière. Le bébé en question est Denise, qui vit dans la maison qui accueille notre hangar. Nous la voyons donc régulièrement et elle aime beaucoup Camille. En fin de journée mercredi, Camille décide de prendre la petite dans ses bras et jouer un peu avec elle. Ici, les bébés ont un tissu couvert d’un genre de culotte en plastique en guise de couche, clairement pas la chose la plus absorbante. Au bout de quelques minutes, Denise fait pipi et évidemment ça déborde partout sur Cam; résultat elle est plein de pipi ! Selon les employés, c’est comme un baptême, c’est un signe d’amour de l’enfant s’il te fait pipi dessus. Il faut voir le positif ce cette situation, Denise aime beaucoup Camille.

Entre temps, la pose des tôles du A a eu lieu. Tout se déroulait bien, jusqu’à ce que notre contremaître dise que nous avons besoin de soudeur. Un soudeur signifie aussi une génératrice et des coûts très élevés. Chico et Frede « challengent » un peu cette affirmation et réalisent que les tôles du toit n’arrivent pas. Pour éviter des fuites, nous juxtaposons les tôles, mais les cavités de la tôle ne concordaient pas. Après plusieurs minutes à analyser le problème, ils ont fait un genre de casse-tête et ont finalement réussi à tout faire fonctionner.

Pour revenir au bois, jeudi, nous avons commencé le transport. Initialement il y avait huit hommes, mais rapidement nous avons réalisé que c’était trop peu. Nous avons donc appelé cinq hommes en renfort ainsi que Philipo et Félixi. Les arbres sont gros, lourds et très mal positionnés. En quatre heures, nous avons transporté quatre arbres et les employés ont demandé de seulement reprendre le lendemain. Ils doivent marcher dans des petits sentiers de terre mouillée durant plusieurs dizaines de mètres avant de se rendre à une route de terre et roche pour ensuite se rendre au chemin menant au poste de santé. Vraiment pas la tâche la plus facile !

Sinon au chantier, nous avons aussi terminé toute la brique des trois blocs ! Nous avons donc pu aussi procéder à la dernière coulée structurale du bâtiment principal, nos prochaines auront lieu pour les latrines et le mur de soutènement. La finition extérieure a aussi pu commencer. Nous ne le savions pas, mais ici toutes les briques de chaque bâtiment sont nettoyées une à une et le crépis entre les briques doit aussi être refait en surface avec un crépis de finition. Une tâche qui demande beaucoup de temps et qui doit être fait avec minutie. Chico a rejoint l’équipe de travail et est très efficace. Le bâtiment sera très beau !

Depuis quelques semaines, nous fournissons des dossards, ce qui rend les maçons très heureux. Lors de notre expédition à Kigali, nous en avons profité pour acheter un casque de construction blanc, comme ceux des ingénieurs au Québec sur un chantier de construction. Ce casque est revenu, évidemment, à notre cher contremaître qui était aux anges. Nous avons fait une cérémonie spéciale devant tous les employés. Félix a expliqué ce que voulait dire le casque blanc et a souligné l’importance de tous les employés, particulièrement Aaron. C’était un moment touchant où nous avons pu voir notre contremaître, mais aussi notre ami, très ému.

Nous avons fini notre semaine avec un souper pour tous les employés. Ayant terminé la dernière coulée, c’était une belle occasion de fêter. Notre cuisinier accompagné de deux aide-maçons, un stagiaire et Félix, a préparé un repas traditionnel : frites, riz, viande et haricot. Au cours de la soirée, nous avons eu droit aux chants et aux danses traditionnelles du pays. En retour, ils nous ont demandé un classique québécois accompagné à la guitare par Chico, nous avons donc chanté « I lost my baby » de Jean Le Loup. Clairement que nous devrons nous pratiquer avant l’inauguration, car pour le moment ce n’est pas tout à fait au point ! Le tout s’est déroulé à même le chantier, derrière le bâtiment, ce fût une très belle soirée que les employés ont particulièrement appréciée.

Le pointage de notre tournoi de trou de cul :

Félix : 149

Camille : 103

Frédérica : 85

Kevin : 83

Marc-André : 80

Philip : 51

Le surnom de la semaine; Ibakwe . Attribué à Kevin pour sa vaillance et sa force au travail. Lors du premier umuganda (travaux communautaires), il a su se démarquer avec le transport de brique.

Voici nos photos de la semaine :

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